Indice inaugural : une photographie d’Avigdor Arikha. Du vieux peintre et graveur israélien n’apparaît que la main au premier plan, achevant un autoportrait au fusain.
Quant à l’œil de la photographe, il semble s’être calé sur celui de l’artiste. Suivent alors une soixantaine de portraits en noir et blanc, réalisés par Martine Franck de 1965 à 2010, d’Agustin Cárdenas à Barthélémy Toguo. Tous mettent en scène l’artiste au travail, entre archétype et iconisation de la scène d’atelier. « Le seul trait commun à ces artistes, c’est d’avoir un jour désiré Paris, d’y avoir fait œuvre », assure Germain Viatte dans l’essai qui accompagne l’exposition. À y regarder de plus près, une chose frappe pourtant : en quarante-cinq ans, l’atelier semble être resté le même. Ou plutôt, l’idée que s’en fait Martine Franck, qui s’en remet globalement à un signalement univoque de l’artiste. Tant par la sélection – Hervé Télémaque, Zoran Music, Miquel Barceló ou Ousmane Sow – que par les codes auxquels empruntent ces représentations.
Dans cette galerie de portraits là, l’atelier sent la térébenthine, le ciseau et la solitude. Il est encore le lieu de celui qui affronte la matière et travaille de ses mains. En témoigne d’ailleurs la vive attention portée à la description photographique des mains : caressantes, jointes, suspendues, à pinceau ou à fusain. Des mains comme autant de points de focale de l’image. À l’exception peut-être du remarquable portrait d’Anselm Kiefer : costume sombre, recadré en extérieur dans un espace sans qualité. Mains dans les poches.
Maison européenne de la photographie, 5-7 rue de Fourcy, Paris-4e, www.mep-fr.org
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Le Grand atelier de Martine Franck
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°641 du 1 décembre 2011, avec le titre suivant : Le Grand atelier de Martine Franck